Friday, August 24, 2007

Shamwana, c'est ici

Phew. The road from Dubie was the worse road that I'd seen. Congolese roads make Cambodian roads look like modern highways. Dustdustdust and bumpbumpbumps. Changing landscapes of bush with enormous termite mounds to semi-arid savannah with baobab trees. The fastest the Land Cruiser could go was about 30 km/hr. Welcome to the Congo. But I am happy to have arrived here and to finally settle in my new home.

Shamwana is tiny. Don't even try to Google Earth it, the wrong Shamwana comes out, closer to Kinshasa. A main road of sand, the airplane strip built by MSF a few months ago, and a few huts. But the outlook, previously grim last year after the IDPs came back from Dubie, is more positive. The Mai-Mai were dismantled, and there was a paid program by the government whereby ex-militia could receive some money upon disarmament, and could return to their families. It leads to the paradoxical situation described in the video last post, where the ex-Mai-Mai comes back to live amongst the very people that he may have tortured or raped. One can imagine the implications for mental health problems, which are rampant. I carry daily conversations with our expat psychologist and am learning loads. The stories may be posted later, when they take form.

There are brick huts, the market is expanding every day, there are eggs, chickens, goats and guinea fowls. They sell the strangest women's nylon underwear from China in camouflage pattern, choice of green, yellow or red. Our compound is basic but nice, I have light to read or write at night, and there is electricity on a schedule. Sylvester the cat (aka Lazy Bastard) is too well fed to go hunt mice and rats. He has been known to fight with the snakes though, so he retains a purpose. I don't even think about the latrines anymore, and we have hot showers as our logistician has the nice habit of putting hot water into the bucket in the afternoons - the showers are simply a bucket in height with a tap, and it does the trick. The food is tomato-onion-flavored with either guinea fowls (more likely) or chicken (I doubt it) with the occasional goat or beans. Plenty of rice, which finds me happy. And Nutella and powdered milk; all four nutritional groups are there! To settle in, I sprinkle my new surroundings with touches of familiarity.

The hospital, which consists of three tents, isn't too busy this time of year. We have a few malnutrition cases, a few tuberculosis cases and a few obstetrical messes. Here in the Congo, not only do I have to re-familiarize myself with malaria and strange multicellular parasites such as worms, but I will see obstetrical disasters rarely encountered in the Western world, such as uterine ruptures and vesiculovaginal fistulas. For my colleagues back home and the clinically curious, I will post later about some medical extraordinaroddities found out here in the Congolese bush. Let's just say that it gives a whole new meaning to the expression "incompatible with life".

The hospital staff referred to my predecessor as Le Grand Vijay. which means the Protective Spirit. It started as a joke because his French was so bad, I'm told. Well my French is fluent so I shall not be honoured with such a great nickname: huge shoes to fill, now! It is true that Le Grand Vijay is a wise old soul in spite of his youth, with a great sense of irony and entertaining inappropriate topics of conversation. Much time of our handover was rather spent discussing whether life is a tragedy or a comedy, or both. If you have the definitive answer, let me know, we haven't figured it out, in spite of his presumed godly abilities.

* * *

La pauvreté ici frappe. Les gens vivent avec rien, et je soupçonne que les temps de guérison à l'hôpital sont doublés à cause de la malnutrition. En Afrique, tout le monde mange du fufu, qui est une pâte pilée d'origine diverse selon la géographie. Au Cameroun le fufu était fait d'igname (sorte de lourde patate racine) et tombait tout au fond de l'estomac. Ici le fufu est fait de manioc qui est plus léger et auquel j'ai pris goût. Le dénominateur commun de tous les fufus est qu'ils remplissent l'estomac mais ne sont que d'un pauvre apport calorique ou protéinique. Cela explique la malnutrition des tout-petits ici, sous forme de marasme (amaigrissement et arrêt de croissance) et le kwashiorkor (malnutrition protéinique avec décoloration des cheveux et édème des pieds) vus ici. Lorsqu'ils en trouvent, les gens supplémentent le fufu avec des légumes-feuilles appellés 'linga-linga' (Vini si tu lis ceci, tu peux imaginer les jokes que j'ai fait avec ça), et une viande douteuse qui semble être une sorte de rat de brousse.

De par cette malnutrition peut-être, les gens ici sont plutîot petits, ce qui m'a surprise. Le poids moyen des patients tourne autour de 35-40 kg, et ils sont à peine plus grands que mes cinq pieds deux. La grosseur de certains bébés à la naissance n'atteint pas 2 kg, ce qui est vraiment tout petit. Quel changement des Cris de la Baie James! La polygamie existe encore, la première grossesse survient durant l'adolescence, et bien sûr les enfants plus vieux aident à s'occuper des plus jeunes - il n'est pas rare de voir une petite fille de moins de cinq ans trimballer son frère à peine moins petit qu'elle.

Ma relation avec les latrines s'est formalisée, je n'y prends plus garde. Sur mes grands temps libres, je pense essayer d'apprendre un peu de Swahili et de Kiluba, qui est le dialecte local. Ma bulle de familiarité s'est créée derrière mon Ibook et un peu de musique - Dumas qui erre dans la neige montréalaise a pris un tout nouvel attrait - et j'apprends à connaître mon équipe. Ce sont tous des gens extraordinairement dédiés à leur travail et on rit énormément, ce qui me rassure sur leur santé mentale malgré l' isolement profond de ce village. La bière coule encore à flots, et le whisky local pourrait servir à déboucher des tuyaux. Le chocolat est
populaire aussi puisque la majorité de l'équipe est féminine, ce qui est souvent le cas avec MSF.


Mon heure préférée est le matin. Il fait encore frais, le ciel est clair, et la clameur du village s'élève vers les cinq heures trente: coqs, chants traditionnels, débuts de conversation, voix d'enfants, odeurs de feux de cuisine. Et tous les soirs, c'est bien l'Afrique, on entend les chants rythmés de tam-tams, parfois toute la nuit durant. Par contre, je n'ai pas vu de très jeunes enfants chanter et danser spontanément comme j'aimais tant au Cameroun. La psychologue me dit que les traumatismes vécus par cette population ont laissé leurs marques et ça, c'en est une silencieuse. On ne voit que peu de traces de la guerre mais sous le sourire éclatant de blancheur des gens d'ici, la tragédie et les pertes demeurent.

Entrée de la base MSF à Shamwana


Ma chambre


Coucher de soleil sur la base

No comments:

Post a Comment