Monday, July 30, 2007

Les boules, épilogue

Hauts faits des quelques jours pré-départ:

Moi qui préfère partir comme une voleuse, j'ai été servie! Trois partys de départ, organisés par d'autres, où je ne m'habitue pas de voir autant de gens venus me voir... Merci les amis, honnêtement, j'ai vraiment beaucoup apprécié, et d'avoir toutes les photos avec moi va m'aider à me souvenir de la vie qui m'attend à mon retour.

Défier les lois de la physique afin de mettre dans mon packsack tout ce que j'aurais voulu, peur d'oublier un morceau essentiel, peur de m'oublier moi...

Regrets brefs de ne pas m'être acheté mon propre téléphone satellite Thuraya juste parce que, comme ça, pour savoir qu'on peut se raccorder à la famille et aux amis n'importe quand. C'est quand même une idée qui m'a été suggérée indépendamment par deux personnes différentes. Mais bon, j'avais le sentiment que ça ne plairait pas à mon équipe, que ça me démarquerait un peu trop...

Pourquoi, sur le pré-départ, tout est plus bruyant, plus coloré, plus intense que ça n'en a jamais eu l'air? Pourquoi les heures se décuplent-elles, les journées sont immensément longues et les nuits de sommeil si courtes? (moi la marmotte normalement, yeux grands ouverts à 5h du mat!) Pourquoi chaque rencontre avec ma famille est-elle douce-amère, parce que je voudrais tellement les rassurer sur leurs inquiétudes, parce qu'ils me regardent avec incompréhension? Pourquoi à chaque fois que je vois un ami proche ou que je lui parle au téléphone, j'ai comme un coup dans la poitrine?

Tête de bourrique pendant un bon moment. Je ne tenais plus en place. Je devenais insupportable. En fait même, j'aurais voulu être catapultée directement là-bas, dans la jungle, afin d'en finir enfin avec l'attente interminable. C'est la peur de l'inconnu qui est le pire, car une fois sur place on voit de quoi il en retourne et on gère.

Qu'est-ce qu'on fait avant de partir pour six mois en Afrique? La fiesta au festival Eclipse, Summer electronic music festival dans la bouette québécoise:

Saturday, July 14, 2007

Trampoline

Encore une fois, je jongle mes mondes. Je suis présentement à l’été nordique, plutôt pluvieux, et je complète un petit séjour de deux semaines ici dans le Nord. De vagues échos me disent qu’il fait beau et chaud dans le Sud et que la saison des festivals bat son plein. Mais juillet me plaît ici-haut. Je prends le temps de vivre ici, et soirée après soirée entre amis se sont succédées, que ce soit pour essayer une nouvelle recette d’outarde aux baies, de se faire bouffer par les moustiques dans le bois un des rares soirs ensoleillés, de zigonner sur un nouveau Mac, ou d’améliorer mes stratégies hasardeuses au jeu de société Porto Rico. On a même réussi à se faire une session de bronzage dehors en bikini s’il-vous-plaît la semaine passée – alors que cette semaine je mets ma tuque et viens de m’en acheter une autre, très Inuit, en me promettant de la mettre à bon usage à l'hiver 2008.



Mon départ pour la République Démocratique du Congo est incroyablement abstrait. Avec l’âge, on dirait qu’on prend plus conscience du présent, et je ne me projette plus dans le futur, aussi proche soit-il. Car dans trois semaines, je suis quelque part dans l’ex-Zaïre, affrontant brousse, serpents, et maladies tropicales. Et, j’imagine, une grande misère humaine et de nouveaux défis dont je n’ai présentement aucune idée. Mais pour l’instant je ne veux pas y penser, et c'est en grande partie du déni. Je remplis tranquillement la paperasse pour le départ. Je pense à tous les amis à qui il faut que je parle avant de partir. Je pense à mes proches qui vont s’inquiéter et qui présentement m'inquiètent. Je pense de manière pratique au travail qui m’attend encore à mon retour dans le Sud, ô joie à la pénurie de personnel et aux nouveaux résidents tout verts...

Si je pense trop à ce qui m’attend en RDC, je risque de lâcher la patate. Les boules, qui avaient fait leur apparition en mai, étaient parties pour un temps lorsque le départ avait été repoussé, mais elles viennent de me revenir depuis hier. Quelques petites crises de mini-anxiété m’ont prise: l’inimaginable, les risques, les dangers dont je n’ai pas connaissance. Mais je me ressaisis en pensant au présent et en m’accrochant aux croyances, sans doute fausses mais rassurantes comme un vieil édredon, que rien n’arrive pour rien, que c'est mon chemin, et que ce qui arrivera arrivera. Un peu de fatalisme mêlé d'humilité et de bras baissés. Et ce don de fragmenter les jours en instants afin d'étirer le présent me protège un peu du souci insondable du futur.

C'est le saut avant le départ qui se prépare et je me défends en pensant plus à l'organisation des amis qui vont se rencontrer à Eclipse et aux vacances au Mozambique prévues pour janvier, qu'à ma mission MSF. Un bon déni tout ça!!! If I don't see it, it's not there...