Monday, January 28, 2008

Tunnel Vision

Retour sur Shamwana après les vacances. C’est drôle, autant que j’avais hâte de revenir, autant, après quelques jours, je me sens essoufflée. On ne se rend compte qu’après les vacances à quel point on est fatigué. Je ne regrette pas d’avoir prolongé ma mission ni d’être revenue, mais en même temps, le départ en vacances (repoussé loin dans la mission) était aussi un avant-goût des adieux qui seront le 10 mars, nouvelle date officielle. Quelque part, les oeillères sont tombées. Je commence à voir au-delà de Shamwana et de son quotidien. Entrent dans mon champ de vision d’autres lieux, d’autres latitudes, une autre vie, un retour en terre industrialisée, une réhabitude à l’anonymat dans une grande ville urbaine occidentale, des possibilités d’hiver québécois et de grisaille pluvieuse. J’ai le pied à moitié sorti d’ici mais en même temps je sais que je dois savourer chaque heure maintenant car la finitude arrive et se fait pressentir.

En trois semaines, beaucoup de choses ont changé dans mon village de brousse. La saison pluvieuse est définitive, les orages-moussons sont prévisibles tous les après-midis après quelques heures de canicule. Nous avons déménagé de notre grande tente à la bâtisse définitive de l’hôpital, ce qui ôte un peu son charme au projet, mais ce qui bien sûr est bien plus pratique et bénéfique aux patients. De par notre nouveau laboratoire et notre salle d’opération, nos chiffres restent élevés – dire qu’en août nous étions tombés à 9 patients, rarement plus de 20, et maintenant on hospitalise couramment 40 patients. La clinique externe ne dérougit plus. On trime, sans aucun doute.

Autant mon souvenir était d’être débordée avant de partir, maintenant que le travail m’est familier, il me semble y avoir beaucoup de temps libres. Et les sources de divertissement sont vite épuisées – aller courir, prendre une marche, entamer une autre conversation avec les collègues expat (les sujets commencent à s’épuiser!), pitonner sur l’ordi, classer ses photos et sa musique. Il est vrai que les situations d’urgence se sont stabilisées, la rougeole persiste (11 morts maintenant, qui auraient pu être prévenues, mais nous n’avons toujours pas l’autorisation du gouvernement congolais de commencer les vaccinations d’urgence), et le choléra semble avoir disparu. Et je connais mon travail donc j’en dérive plus d’efficacité.

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Another day at work. This child had a supracondylar fracture of the humerus for four days, had been treated with straw splints and traditional herb ointments that macerated his skin before showing up to our facility.


Desquamation and depigmentation post-measles


Too weakened by kwashiorkor to drink, hence need for a feeding tube


Kwashiorkor so severe that the face swells up