Mon départ pour la République Démocratique du Congo est incroyablement abstrait. Avec l’âge, on dirait qu’on prend plus conscience du présent, et je ne me projette plus dans le futur, aussi proche soit-il. Car dans trois semaines, je suis quelque part dans l’ex-Zaïre, affrontant brousse, serpents, et maladies tropicales. Et, j’imagine, une grande misère humaine et de nouveaux défis dont je n’ai présentement aucune idée. Mais pour l’instant je ne veux pas y penser, et c'est en grande partie du déni. Je remplis tranquillement la paperasse pour le départ. Je pense à tous les amis à qui il faut que je parle avant de partir. Je pense à mes proches qui vont s’inquiéter et qui présentement m'inquiètent. Je pense de manière pratique au travail qui m’attend encore à mon retour dans le Sud, ô joie à la pénurie de personnel et aux nouveaux résidents tout verts...
Si je pense trop à ce qui m’attend en RDC, je risque de lâcher la patate. Les boules, qui avaient fait leur apparition en mai, étaient parties pour un temps lorsque le départ avait été repoussé, mais elles viennent de me revenir depuis hier. Quelques petites crises de mini-anxiété m’ont prise: l’inimaginable, les risques, les dangers dont je n’ai pas connaissance. Mais je me ressaisis en pensant au présent et en m’accrochant aux croyances, sans doute fausses mais rassurantes comme un vieil édredon, que rien n’arrive pour rien, que c'est mon chemin, et que ce qui arrivera arrivera. Un peu de fatalisme mêlé d'humilité et de bras baissés. Et ce don de fragmenter les jours en instants afin d'étirer le présent me protège un peu du souci insondable du futur.
C'est le saut avant le départ qui se prépare et je me défends en pensant plus à l'organisation des amis qui vont se rencontrer à Eclipse et aux vacances au Mozambique prévues pour janvier, qu'à ma mission MSF. Un bon déni tout ça!!! If I don't see it, it's not there...
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